Le Reiki ce n'est pas magique (et c'est bien mieux ainsi)
- odyssee.reiki
- 4 sept.
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Un matin comme un autre, ce genre de matin où tout semble tourner au ralenti alors que la ville, elle, fonce tête baissée. Le réveil sonne, le pied touche le sol, et déjà, la tête commence à anticiper la course à venir. Les gens s’alignent dans la rue, certains filent sans un regard, d’autres traînent la fatigue de la veille, ou celle d’une vie entière, personne ne prend vraiment le temps de s’arrêter.
Dans la poche, le téléphone vibre, la boîte mail se remplit déjà, les messages s’empilent sans qu’on sache par où commencer. À la radio, les voix parlent de productivité, de solutions miracles, de toutes ces méthodes qui promettent une transformation aussi rapide qu’un battement de cils. On nous répète sans cesse qu’il existe des raccourcis, qu’il suffit de cliquer, d’acheter, de s’abonner à une promesse de bonheur instantané pour changer sa vie du tout au tout. Les réseaux sociaux débordent de bilans chiffrés, de photos avant-après, de témoignages éclatants qui donnent l’impression que tout le monde a trouvé la recette, sauf nous.
Et pourtant, derrière les écrans, sous les couches de motivation factice, beaucoup sentent ce petit vide qui grandit. Une fatigue sourde, un doute qui colle à la peau, cette impression de courir après une version de soi-même qu’on n’atteint jamais. L’humain moderne veut aller mieux, bien sûr, mais il se sent écartelé entre ses envies de changement et l’épuisement que lui inflige la machine à injonctions.
Alors parfois, une idée s’immisce, discrète, comme une question laissée en suspens à la pause café, ou glissée à demi-mot par un ami bienveillant : “Tu as déjà essayé le Reiki ?”
Le mot résonne, il intrigue ou fait sourire, il soulève un sourcil chez certains, laisse sceptique d’autres, mais il ne laisse pas indifférent. Ce n’est ni une grande nouveauté, ni une mode de plus à consommer, c’est juste une piste parmi tant d’autres, souvent rangée dans la catégorie des “pourquoi pas”, ou des “à essayer un jour”. Personne n’a envie de passer pour le pigeon qui croit à tout, personne ne veut avouer qu’il cherche un miracle, alors on garde ses distances, on se protège derrière un sourire un peu ironique, une blague sur les “énergies cosmiques” ou sur les “mains prétendument magiques”.
Pourtant, il arrive que la lassitude devienne plus forte que le cynisme. Quand la vie pèse, quand tout devient trop lourd, on finit par ouvrir une porte, presque par hasard. Le cabinet n’a rien d’un temple mystérieux. Pas de décor ésotérique, pas d’encens qui pique les yeux, juste une lumière douce, un fauteuil confortable, un parfum discret qui rappelle l’enfance ou les jours de pluie. Le praticien accueille sans faire de grands gestes, sans réciter de formules ni sortir de discours préfabriqué.
On s’installe, la séance commence, rien ne clignote, rien ne brille, personne ne fait tourner de pendule au-dessus de la tête. Ce qui frappe, c’est l’absence de spectacle, la simplicité presque déroutante de l’instant. Il y a ce silence, d’abord gênant, presque pesant, comme un vide qu’on n’a plus l’habitude d’affronter. On cherche à comprendre ce qui va se passer, à sentir un signe, une chaleur, une vibration, n’importe quoi qui prouverait que l’expérience commence pour de vrai.
Mais le Reiki n’a rien à prouver. Ce n’est pas magique. Il ne promet pas de tout transformer, de réparer en une heure ce qui s’est usé en des années.
Parfois, la personne qui reçoit la séance ne sent rien, absolument rien, et c’est frustrant, mais c’est normal aussi. D’autres fois, une lourdeur disparaît, un sommeil plus profond s’installe, ou une émotion monte sans prévenir, ni prévenir ni expliquer. Il n’y a pas de règle, il n’y a pas de mode d’emploi universel, et surtout, il n’y a pas de show. Le praticien accompagne, il ne dirige pas, il ne fait pas semblant de savoir mieux que l’autre ce qui est bon pour lui. Il accueille, il observe, il laisse faire, humblement.
Dans ce monde saturé d’effets immédiats, le Reiki est une pause. Pas une fuite, pas un miracle, mais une respiration. Certaines personnes repartent en se disant qu’elles ont perdu leur temps. D’autres, plus rares, découvrent après coup que quelque chose a changé, mais elles n’arrivent pas à mettre de mot dessus, parce que ce n’est pas spectaculaire, ce n’est pas “marketé”. C’est souvent ce qui déroute les plus sceptiques. Ils voulaient voir une baguette magique, ils trouvent une chaise et un peu de silence. Ils voulaient une révolution, ils reçoivent une invitation à s’écouter, à sentir, à laisser tomber le masque pendant une heure.
Le Reiki, ce n’est pas un super-pouvoir. Ce n’est pas une religion, ni une thérapie miracle, ni un placebo chic. C’est un espace, une présence, un souffle. Ceux qui pratiquent le Reiki le savent bien. On croise tout le temps des regards méfiants, des sourires en coin, des “oui mais ça marche pour de vrai ?” lancés à la va-vite. Il y a ceux qui n’osent pas demander, ceux qui demandent sans attendre de réponse, ceux qui espèrent secrètement un truc fou, et puis ceux qui viennent, simplement, pour souffler un peu, sans trop savoir pourquoi. Le praticien ne promet rien. Il propose juste d’être là, à côté, sans forcer, sans juger. Les résultats sont parfois discrets, parfois spectaculaires, mais la plupart du temps, ils sont humbles, silencieux, presque invisibles pour le monde extérieur.
C’est peut-être ça, la vraie force du Reiki. Ne pas faire semblant. Ne pas gonfler le récit. Laisser chaque personne libre de sa propre expérience, sans chercher à convaincre. La magie, ce n’est pas ce qui fait briller les yeux, c’est ce qui permet, un instant, de retrouver un peu de soi dans le flot du quotidien.
Et puis il y a les histoires qu’on ne raconte pas dans les brochures. Celles des sceptiques endurcis, venus “pour voir”, parfois poussés par la curiosité, parfois par le désespoir, souvent par un mélange des deux. Ces personnes-là arrivent avec une armure, un humour tranchant, parfois même un petit carnet mental pour noter ce qui cloche, ce qui sonne faux. Au début, rien ne passe. Tout semble trop lent, trop silencieux, presque gênant. La tête tourne à plein régime, analyse, critique, s’ennuie. Mais le corps, lui, commence doucement à relâcher la pression. Les épaules se détendent malgré la résistance, la respiration devient plus profonde, même si on essaie de ne rien laisser paraître.
Le temps passe, on ne sait plus trop s’il s’est passé dix minutes ou une heure. Il n’y a pas de révélation. Mais parfois, au moment de se relever, il y a une étrange sensation de légèreté, ou juste un petit calme inattendu qui s’installe. Les sceptiques n’aiment pas en parler, ils préfèrent sortir une blague ou changer de sujet. Pourtant, il y a ce regard, ce minuscule merci dans l’œil, qui trahit plus qu’un discours. Et le soir, parfois, le sommeil vient plus vite, la tension dans la nuque disparaît, ou l’on se surprend à répondre autrement à une contrariété. Ce n’est pas magique, c’est simplement humain.

Les clients les plus convaincus ne sont pas toujours ceux qui racontent avoir vu des lumières ou ressenti des courants incroyables. Ce sont souvent ceux qui reviennent, doucement, sans bruit, parce qu’ils ont trouvé là un espace qui ne leur impose rien. Une bulle où on n’attend pas d’eux de performer, de croire, de réussir. Ils peuvent venir fatigués, en colère, sceptiques ou pleins d’espoir, ils sont accueillis de la même façon, sans promesse, sans mise en scène.
Et les praticiens, dans tout ça ? Ils doutent aussi, parfois. Il y a des journées vides, des heures passées à se demander à quoi bon, des moments où le mental reprend le dessus, où la solitude du métier pèse plus lourd que la reconnaissance reçue. Mais il y a aussi ces instants de grâce où tout s’aligne, où l’on sent que l’on est à la bonne place, juste pour accueillir ce qui est, sans forcer, sans rien attendre. Le vrai cadeau du Reiki n’est pas une magie spectaculaire, c’est cette authenticité rare, cette permission silencieuse d’être soi, même au milieu du doute et de la fatigue.
Ceux qui cherchent la magie finiront peut-être par découvrir que la vraie magie, c’est d’oser revenir à soi, d’oser la simplicité, d’oser l’expérience brute, sans fard, sans illusion. Le Reiki, ce n’est pas une promesse, ce n’est pas une publicité, ce n’est pas une garantie. C’est un espace. Une manière d’être là, vraiment là, pour soi, avec soi. Rien de plus, rien de moins. Et pour beaucoup, c’est déjà énorme.
C’est dans cette banalité que le Reiki s’enracine. Une parenthèse qui ne clignote pas, qui ne fait pas le tour de la toile en vingt-quatre heures. Parfois, c’est même un peu frustrant pour ceux qui ont envie de croire aux miracles. On aimerait que le Reiki soit un bouton “reset”, une baguette qui efface la fatigue, les peurs, les blessures accumulées au fil des ans. Mais la réalité, c’est qu’il agit comme un jardinier patient : il prépare la terre, il arrose, il laisse le temps au temps. Parfois, il ne pousse rien tout de suite, ou alors la graine qui prend racine ne ressemble pas à ce qu’on espérait.
Au fil des séances, on apprend à apprécier cette lenteur. À respecter le rythme du corps, du cœur, de l’esprit. Les petites transformations, celles qui ne font pas la une, mais qui changent le goût des jours. Un matin, la fatigue semble moins lourde. Une contrariété glisse sans laisser de trace. Un conflit intérieur s’apaise. On recommence à respirer avec le ventre, sans s’en rendre compte.Le Reiki ne force rien. Il accompagne, il écoute, il laisse la place. La personne qui reçoit est libre de repartir comme elle est venue, libre d’y croire ou non, libre de raconter ou de garder le silence.
On dit parfois que le Reiki est un miroir. Il ne montre pas forcément ce qu’on veut voir, mais il invite à regarder autrement. Il rappelle que la force ne se mesure pas à l’intensité des effets, mais à la capacité de s’arrêter, de s’écouter, de s’accueillir. Parfois, ce miroir est dérangeant. On préférerait des certitudes et des preuves tangibles. Mais ce qu’on reçoit, c’est un peu de paix au milieu du vacarme.
Il y a aussi, de temps en temps, des séances qui bouleversent. Un client qui éclate en larmes, sans raison apparente. Une personne qui raconte avoir senti une chaleur, un fourmillement, une énergie circuler dans le corps. D’autres qui dorment pendant toute la séance, se réveillent comme s’ils revenaient de très loin. Et puis il y a ceux qui ne disent rien, mais qui reviennent, encore et encore, parce qu’ils trouvent là un point d’ancrage, une sécurité, une douceur qui manque ailleurs. Le praticien, lui, ne cherche pas à interpréter, il n’attribue pas d’explication magique à chaque réaction. Il sait que le corps parle sa propre langue, que chacun vit l’expérience à sa manière.
Le Reiki n’est pas là pour convaincre. Il ne se justifie pas, il ne cherche pas à rivaliser avec la médecine ou la psychologie. Il n’a pas d’argument à vendre, pas de bataille à mener. Il propose, il accompagne, il laisse la liberté de douter, d’essayer, de repartir ou de rester. Dans un monde où tout doit aller vite, où tout doit s’expliquer, où la compétition règne, cette liberté est précieuse. Le Reiki ne fait pas de bruit. Il avance à pas feutrés, il glisse dans les interstices de la vie, là où la parole s’arrête. C’est un compagnonnage.
Finalement, il n’y a rien à perdre à essayer. Rien à gagner non plus, si ce n’est un peu de détente absolue et un peu de présence. Les sceptiques peuvent continuer à douter, les convaincus peuvent partager leur enthousiasme, chacun est libre. Le Reiki n’attend rien de plus que cette rencontre, honnête, humble, entre deux êtres humains.
Voilà pourquoi ce n’est pas magique, et pourquoi c’est, au fond, bien mieux ainsi.
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